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Présentée par : Sidi Lamine NIASSE P.D.G du Groupe de presse du Sénégal Wal Fadjri

Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux, Paix et salut sur le Prophète Mohamed, le sceau des prophètes, sur les siens et ses compagnons.
Mesdames et Messieurs
C’est avec un immense plaisir que je viens répondre à l’appel de Tamacini, l’homme miraculeux à qui le secret sublime a été destiné après que l’auteur de l’encyclopédie, Al Michri, eut été chargé d’une mission par celui dont les ordres ne sauraient être rejetés, celui qui a fait le tour des faubourgs et des contrées jusqu’à Thamassini pour acquérir cette certitude qui dévoile ce qui a été caché. Je veux nommer Seydi Ali Tamacini, devant la mémoire duquel je m’incline. Je rends également hommage à son khalife, Sidi Mohamed Laïd , qui a su rassembler connaissances et foi, qui a su également allier modernité et tradition. C’est l’homme de son époque, l’homme de son temps.
Le petit-fils de Seydi Ali Tamacini est une sommité, comme le furent ses ascendants. Il vécut en ce lieu où les symboles sont nombreux et où des hommes sublimes ont laissé leurs empreintes comme de véritables signes divins ; c’est dans ce contexte que je viens chercher le liquide précieux de ce puits intarissable. En revenant en ce lieu que nous aimions alors que nous n’étions que des nourrissons, permettez-moi de dire salut et paix à Seydi Ali Tamacini, en ce jour qui constitue le jour de sa naissance, celui de sa disparition et de sa résurrection.
Après cette introduction, je m’en vais vous présenter ma participation à ce colloque sous le titre : «La Tidjiania face au défi de la mondialisation».

1 - Un monde en déperdition

Le monde d’aujourd’hui est un monde où le désespoir, les errements et la perdition sont devenus vie, où l’homme ne vit que pour manger et satisfaire ses désirs, où le matériel est devenu un veau d’or qu’on adore, où le moyen est une fin en soi. Dans ce monde, la religion est devenue politique et la politique élevée au rang de religion, l’extrémisme et l’intolérance sont devenus banales, au point que se répand le terrorisme corrélativement à l’obscurantisme qui le sous-tend. C’est un monde où l’Islam n’est plus la religion qu’on connaissait, où la religion est devenue une enveloppe sans contenu. Ainsi sonne donc l’heure du retour à la case départ, au monde des valeurs et au droit chemin, à cette valeur sure que nul ne saurait négliger. Tel est le cri qui s’élève dans cette vallée aux silences coupables, l’appel aux égarés lancé par le petit-fils du Prophète d’Allah, Ahmed Ben Mohamed Tidjani. Avec lui, naîtra une voie qui renferme les solutions aux questionnements de l’Humanité. Car avec cette voie, les idoles disparaissent et l’équilibre du monde réapparaît. Ainsi l’homme peut se tenir debout sur ses deux pieds et voir avec ses deux yeux parce que la voie Tidjania est porteuse de message de valeur qui apporte un éclairage à la jeunesse et aux hommes de pensée, et est une voix des sans voix partout où ils se trouvent sur la planète.
La voie Tidjania est, en fait, la vie. La vie est également la voie Tidjania avec ses secrets sublimes. Telle est la relation dialectique entre la Tidjania et la vie. Son champ d’évolution est l’homme. Un homme animé d’une volonté de se transcender au plan spirituel et d’atteindre une vie meilleure. D’ailleurs, dans ses écrits, notre maître Cheikh Ahmad Tidjani ne disait-il pas que «la volonté de l’homme peut lui rendre tous les univers dociles» .
La voie Tidjania se distingue des autres parce qu’elle est ouverte et intègre. Elle associe l’esprit et la matière. Et elle est la voie des louanges à Dieu pour ses bienfaits. Elle a formé et continue de former des générations aux valeurs de la foi, de la sincérité, de l’honnêteté, de la clémence, de la justice, de la liberté, de l’efficacité dans le travail.

2 – La répétition de l’histoire

La voie Tidjania est apparue à un moment où le phénomène de l’illusion était là et où, dans les mosquées, il se passait beaucoup de choses contraires à la religion et où l’obscurantisme s’était largement répandu. Le maraboutage était alors répandu et chacun prétendait être le meilleur jusqu’à ce que la lumière de la Tidjania jaillisse de cet obscurantisme. La Tidjania est ainsi devenue la voix des hommes, mais également leur voie sur laquelle se sont précipités de grands hommes de connaissance et de piété. La volonté divine viendra renforcer cette longue marche de millions de personnes du Sahara vers la savane. Son symbole fut le chapelet et l’épée. Elle est devenue le cru qui a fini par embraser toute la terre, comme le confirme mon père El Hadj Khalifa Niasse de Kaolack (Sénégal) dans son livre intitulé ( Souffre rouge ) : «Le cru de notre Maître a embrassé toute la terre, les citadins comme les villageois, en Chine comme en Inde. On trouve les secrets de cette voie mystique avec des hommes de valeur qui font la fierté de tout être, en Orient comme en l’Occident, dans le nouveau monde, à travers l’horizon, comme une lumière qui éclaire tout sur son passage.»
Une manière de dire que la Tidjania a frappé à la porte de toutes les contrées. Ses hommes ne se distinguent guère par leurs accoutrements, mais plutôt par leur humilité. Et c’est ainsi qu’ils passent inaperçus. Le pouvoir terrestre comme le pouvoir céleste ont déferlé sur cette voie et la terre s’est remplie de son cru parfumé. Et quiconque embrasse ce cru y gagne en droiture tel qu’un coeur se purifie après un moment d’aveuglement. Le Seigneur a revivifié les coeurs sans vie au point qu’il n’y ait plus de coeurs sans vie .
La Tarika compte de grands hommes de valeur, ainsi que des villes de référence, ce qui lui confère un caractère universel. Ce Tamacini-ci est, en fait, le sommet de l’iceberg et sert de nom d’emprunt à bon nombre de villes et de villages. Tamacine a ainsi des villes soeurs telles Aynoumadi, Abusamrum, Tunis, Fez, Chinkhit, Kaolack, Tivaouane, mais aussi des hommes reconnus et distingués tels qu’Ali Tamacini, Ali Harazim Barada, Mohamed El- Hafedh, Cheikh Omar El-Fouti, El Hadj Abdallah Niass, El Hadj Malick Sy. Ces hommes-là, ce sont nos aïeux. Quelle ressemblance entre la nuit d’hier et celle d’aujourd’hui, car l’histoire se répète dans un premier temps sous forme de tragédie, et dans un second temps sous forme de comédie.

3 - Une tempête dans un verre d’eau

Le monde d’aujourd’hui, en déperdition, cherche une bouée de sauvetage dans une mer agitée. Certains ont cru, pendant un certain temps, à la solution matérialiste, convaincus qu’ils ont été que les errements et l’angoisse ont pour origine la pauvreté. Ainsi les philosophes se sont donnés à un jeu d’enfant et derrière eux, l’humanité se perd. Le discours sur le matérialisme dialectique et le matérialisme historique a pris de la place : on parle alors de société primitive, de féodalité, de capitalisme ou d’impérialisme. On répandra de telles thèses à travers la presse et La " Pravda " sera leur fer de lance. Mais tout ceci n’était que mirage. Et on s’en rendra très vite compte quand le grand mur de Berlin s’écroula, le puissant empire soviétique s’effondra, ainsi que la muraille de Chine, tout comme les forêts de Cuba. On parlera, alors, de la fin de l’histoire, car le monde n’est plus bipolaire. Et le capitalisme triomphant de se vanter devant toutes les civilisations, comme étant la brique avec laquelle la construction du temple sera accomplie. Ainsi s’est répandue la chanson de la démocratie, du libéralisme, ainsi que les anti-valeurs et autres pratiques immorales afin que le monde devienne un monde sans valeur, où il n’existe de loi que celle de l’offre et de la demande. Le matérialisme revient alors sous une autre forme, avec le phénomène d’une nouvelle presse et des moyens de communication, à travers le satellite, qui ont transformé l’univers en un village planétaire, dans lequel, les voix, les images et les écrits, voguent à travers le Net, le Sat, et le Cel. Et une presse de propagande de transformer l’homme en un animal avide de proie et la matière en une bande dessinée attractive.
Mais l’Amérique qui prétendait maîtriser la sécurité et le bien-être, et qui s’érigeait en seul gendarme capable de sécuriser le monde, a vu les murs de Manhattan s’effondrer sous ses pieds ainsi que ceux du Pentagone et de la Maison blanche. Depuis lors, l’Occident a peur ! Et il observe tout et cherche partout à se tranquilliser, par tous les moyens.

4 - L’irréversibilité de l’aurore

Au début de la créature, commença la tragédie de l’histoire. A cette époque, le diable avait cru au matérialisme et avait adoré le feu qu’il considérait comme une fin en soi. Ainsi l’esprit fut négligé au profit du corps et du physique, le mal eut droit de cité sur terre, la gabegie fut répandue et le sang coula à flot. A l’opposé, la sublimation et la sainteté avait trouvé refuge par derrière jusqu’à obtenir le rang d’ange plus proche de Dieu qui avait déjà décidé ce qu’il avait voulu décider. Et il sortira un vicaire. Son choix aura surpris plus d’un, car étant porté sur l’argile noire qui va bénéficier de l’esprit qu’il lui insuffla en plus du choix de diriger. Ainsi commença la confrontation entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal.
«Nous avons fait savoir à Adam tous les noms» , telle fut la déclaration d’une vie sur terre et le rôle des messagers, des prophètes et des saints qui se succédèrent jusqu’à ce qu’ils connaissent tous le salut. Le temps de l’observation et de l’attente commença et l’on se cramponna à la voie droite qui a vu cheminer de grands hommes, dont certains sont déjà passés alors que d’autres attendent encore, mais n’en sont jamais détournés.
Cette histoire se conjugue avec ses trois phases : celle des messagers, celle de la prophétie et celle des saints qui, tantôt s’associent, tantôt se dissocient car chaque messager est prophète et saint en même temps, et chaque prophète est aussi saint, et que chaque saint reste saint ; et le fort reste demeure le cordon ombilical reliant le donneur et le receveur. L’homme se loge ainsi dans un état d’esprit très élevé car étant le serviteur d’Allah. «Sublime soit-il, celui qui a fait voyager son serviteur !»
A l’opposé de cette histoire, nous avons l’histoire dialectique, avec ses hauts et ses bas, et des mannes qui se transforment en catastrophes sur tous les échelons, du social à l’économie, en passant par la politique. Dès lors, où trouver refuge ?
Les choses s’éclaircissent chaque fois que l’aurore se rapproche et que le fil blanc se distingue du fil noir dans l’ultime phase de la nuit. La matière qui est accidentelle et éphémère, ne peut pas être une fin en soi, comme la créature ne peut pas être créateur en même temps. Les propagandistes n’ont pas raison, quelle que soit la grandeur de leur caisse de résonance et son développement, que leurs écoles de propagande se multiplient ou qu’elles se fondent sur des laboratoires qui expérimentent des animaux. L’écriture et le discours ont pris une vaste place dans leurs propagandes, et l’éloquence ressemble, à bien des égards, à la magie. Cependant, la monotonie et la répétition font perdre à la magie son pouvoir.
La demande se renouvelle afin que l’être puisse garder sa dimension humaine. La soif d’une alternative qui fait revivre le coeur et qui élève l’esprit, est un dénominateur commun, et la religion est devenue ce musée authentique qui fait que tout un chacun devient un gardien pour le patrimoine des anciens. Ce qui nous fait reprendre le verset coranique : «Nous avons trouvé nos ancêtres dans cette tradition, et nous les y suivrons.»

5 - La Tidjania couronne la mondialisation et la communication

Il fut un moment où les connaissances devenaient de l’ancre versée sur du papier et des villes de l’Orient étaient embouteillées. Bagdad secouée, les sites de connaissance répandus partout, la vanité dans l’art et le savoir devenue le chemin menant à la célébrité et à la richesse, des hommes se bousculaient vers ce phénomène qui avait fini par couvrir tous les horizons. C’est dans cet environnement qu’un homme s’était distingué par son savoir intarissable et par son art élevé. Et il partit pour une retraite spirituelle. Ghazali s’est donc enfermé pendant une bonne dizaine d’années, avant de sortir avec l’aide divine pour annoncer la «revivification des sciences religieuses».
Le cri de l’imam Ghazali a réveillé des dormeurs après un lourd sommeil. Il précéda donc l’Occident qui s’inspirera plus tard de sa pensée, c'est-à-dire de sa démarche vers le doute méthodique. De même, l’Occident plagia de Haladj le moi et l’ego qui pose la responsabilité, et qui fut le point de départ de Descartes et de son cartésianisme qui est devenu un modèle à suivre pour la rationalité et l’objectivité.
L’histoire de l’Islam en Occident a démontré la vitalité de notre religion, l’Islam, où les hommes mystiques qui ont associé la foi et la raison, ont légué un patrimoine inestimable, plein de bienfaits à l’humanité. Jahbir Ibn Hayane de l’Algérie et Ibn Sina alias Alusems sont des hommes mystiques qui ont justifié la vivacité de cette voie mystique qui est synonyme d’humilité et de vie et qui constitue un catalyseur qui transforme.
Le développement technologique qui transforme le monde, n’est pas le fait du hasard, ni une fin en soi, mais plutôt quelque chose que Jacob avait pressenti.

6 - Retour à la case départ

Les éclaireurs parmi nos anciens qui ont travaillé avec intuition pour associer la loi et l’esprit, la foi et la science, ont transformé l’Andalousie en un paradis. Seulement, les hommes ont changé et sont devenus intolérants après avoir été très flexibles. Et les choses se sont renversées comme si elles allaient marcher sur la tête et le discours des interdits et des bannis est devenu monnaie courante. Au même moment, la polémique et les discussions tournent autour des évidences. Ainsi, certains insistent sur le fait que le ciel se trouve au-dessus de nos têtes et d’autres que la terre se trouve sous nos pieds. Parler d’innovation est monnaie courante. Pendant ce temps, à Kourassane, quelque chose d’étonnant s’est passé. Il s’agit de l’histoire d’un vieillard de 80 ans sevré d’amour paternel et venu arroser la terre avec le cri du grand mystique Ibn Al Harabi Al Hatimi. D’autres pages sont ouvertes sur la terre des saints et des Prophètes dans le pays de la Mésopotamie qui est cette riche bande de terre entre deux fleuves, se trouvant désormais entre deux feux. Et comme son nom l’indique, Kasiman se tait avec amertume en gardant son mal en patience. Peut-être qu’un jour, il racontera sa belle histoire. L’âme avec ses trois dimensions et les sept phases ne peut être réveillée que par quelqu’un qui l’a déjà côtoyée : il s’agit de l’âme bestiale et l’âme douteuse, de l’âme inférieure, de l’âme sacrifiée, de l’âme fataliste (qui accepte le destin), de l’âme agréée, toutes renvoyées à l’histoire par la poussière.
La revivification de la religion attend l’âme apaisée. Mais y a-t-il encore des hommes réfléchis ? Le monde d’aujourd’hui est comme un temple qui a été construit et dont il ne reste qu’une brique pour que la construction soit achevée, que la purification soit intégrale, que la dignité soit préservée, que l’espoir soit tout prêt, que la connaissance soit disponible et que l’utilité soit répandue. Tel est le message d’Aboul Abass Ahmadou Tidjiani, qui se trouve au coeur des connaissances et des esprits saints. La communication a besoin de cette voie Tidjania pour bénéficier d’un esprit et avoir un goût, pour sortir de la pyramide renversée. Ainsi l’exagération va disparaître et le sens de la mesure va la précéder. Et pour retourner au levant, je dirai avec mon père El Hadji Mouhamad Kalifa Niasse dans son livre «Souffre rouge» en éloges au maître Hahmad Tidjiani : «Le soleil s’est levé au petit matin et les horizons se sont éclairés. Une nuit profonde s’est éclairée et les lueurs se sont entassées pour jaillir partout jusqu’à ce que le monde entier observe ces lumières qui effacent tout ce qui était obstacle. Et des gens qui n’étaient pas intéressés venaient chanter cette lumière et ceux qui l’attendaient pour l’étudier n’ont guère été surpris.»
Il dira plus loin : «Elle a embrassé toutes les créatures pour les guider par sa lumière semblable à celle du soleil dans sa luminosité» . Avant de poursuivre : «C’était à Aynoumadi que le soleil s’est levé et c’était à Fez qu’il a répandu ses rayons à travers le monde» . Puis il ajoute : «Une perle qui n’a de semblable parmi les pierres précieuses, et qui a été un don de celui qui détient les mannes» . Toujours en parlant de Cheikh Ahmadou Tidjani, le poète écrira : «Il est le Cheikh des Cheikh, Ahmed Ben Mouhamed, ses hommes nobles sont mes aïeux…» «… Il a obtenu la perfection du Prophète par héritage et il est la perfection elle-même et la source de la grandeur humaine» .
Des hommes nobles dont on n’aura jamais assez de discuter avec eux, car ils ont reçu la grandeur de celui qui la procure.
«Il a hérité la perfection de son grand père qui est lui-même le prototype de la perfection et centre des lumières.
«Le guide des guides d’un parfait à un parfait, celui qui s’est placé au milieu des cris des aigles
«C ‘est le Seigneur des vérités qui l’a implanté comme une embouchure dont le cru arrose les grands esprits »
«Seigneur, mène-nous vite à celui qui confie ces connaissances, le rédempteur qui nous arrose, qui a la capacité d’agir dans tout l’univers, et que le salut et la paix soit sur Seydina Mouhamad, l’ouvrant, le sceau, et sur les siens, tel qu’il le mérite et tel qu’il est dans sa dimension grandiose. Une prière qui nous porte de l’agrément et de la facilité, et qu’il nous ferme les portes du mal et des difficultés.
«Sublime soit ton Seigneur, le Seigneur de la bénédiction, qui est au-delà du qualifiable, et sur les messagers et louange à Dieu Seigneur de l’univers» .